Parmi les nombreuses ressources qui vous aideront à faire passer un message lors d’une prise de parole, la séduction en est une.
Pour séduire son public, faut-il le caresser dans le sens du poil, lui dire ce qu’il a envie d’entendre ? Non, évidemment. La séduction prend parfois des chemins inattendus, voire opposés : le discours « je marche sur des œufs » est agaçant au plus haut point.
N’oubliez pas : le public s’est déplacé, a pris du temps pour vous écouter, supprimant sans hésiter une heure de travail, de shopping, de papote autour d’un verre, de rendez-vous amoureux, parce qu’il pense que ça vaut vraiment la peine d’assister à votre présentation.
Si vous lui sortez un discours sirupeux, consensuel et insipide, non seulement il aura perdu son temps mais risque de vous en vouloir.
Et ce n’est vraiment pas le moment de braquer le public ! Vous êtes déjà stressé, pas la peine d’en rajouter.
Le public aime entendre votre point de vue, il préférera vous voir défendre vos idées avec acharnement plutôt que de réciter une suite de mesures.
Si vous avez bien préparé votre intervention, votre message est clair et votre objectif, limpide.
Rappel pour les distraits : Un objectif n’est pas « donner une information ». Ca, c’est un moyen de l’atteindre. Votre objectif, c’est de changer un comportement, provoquer une réaction, susciter l’adhésion, motiver…
Sinon, à quoi bon ?
Et ne vous attendez à aucun changement si vous êtes banal et terne. Tout au plus provoquerez-vous des bâillements et de l’agacement. « Je me suis tapé cette conférence alors que j’aurais pu rester chez moi/aller au resto/préparer ma réunion… »
Assumez !
Le public adore les orateurs qui s’engagent ! (Avec finesse, pas comme un bulldozer).
Souvenez-vous quand vous étiez petit, ceux qui gémissaient : « c’est pas ma faute, c’est lui qui a commencé », ça vous horripilait. Ne soyez pas celui qui n’est responsable de rien, le mou, qui suit le mouvement, qui n’a pas d’opinion. Et si cette description vous ressemble, surtout ne m’obligez pas à prendre du temps pour vous écouter.
Assumez votre présence en public, affirmez-vous, emportez-nous dans votre univers, faites-nous parcourir les méandres de vos convictions, découvrez-vous, éblouissez-nous avec vos expériences, scotchez-nous à notre chaise !
Je terminerai par cette histoire : lors d’une réunion des parents au début de l’année scolaire, un directeur, qui, par ailleurs, était plutôt un brillant orateur, a lâché : « les tatouages et piercings sont interdits au sein de l’école. Ce n’est pas notre choix, nous n’avons rien contre les tatouages et les piercings. Mais comprenez bien que c’est la société qui veut ça. Il est plus difficile de trouver un emploi lorsqu’on est tatoué ! »
Ces mots ont laissé les parents interloqués.
Ils auraient tellement préféré : « les tatouages et piercings sont interdits chez nous. C’est comme ça, ça fait partie du règlement intérieur. » Sous-entendu : si ça ne vous plait pas, allez ailleurs, plutôt que de voir dans le directeur d’école, le petit garçon geignard qui n’est jamais responsable de rien.
Geneviève