Alors que je feuilletais distraitement le Vif ce soir, mon attention est soudain attirée par l’éditorial de Christine Laurent titré « Borgen de toi », en référence à l’excellente série politique qui fascine actuellement les téléspectateurs avides d‘en savoir plus sur les coulisses du pouvoir, fut-il danois.
Anthony Quinn dans "Notre-Dame de Paris" 1956
« Les spin doctors n’ont-ils pas réussi à convaincre nos élus que, désormais, la parole et l’apparence primaient sur les actes ? », s’interroge la journaliste. Je sens dans cette phrase, un peu d’amertume, teintée de regret, comme si le temps avait laissé échapper un vent de superficialité sur nos responsables politiques, presque à leur insu.
Et curieusement, cette même semaine, Philippe Turchet, dans son blog, explique dans quelles conditions le non verbal peut prédire le résultat des élections. A savoir que moins le public jouit d’une éducation politique, plus il est sensible à l’apparence d’un candidat.
Humm… Les spins doctors et autres conseillers en communication seraient-ils donc devins, gourous, marionnettistes, ou sont-ils simplement guidés par leur bon sens ?
La parole, le geste, l’apparence peuvent-ils fausser le jugement des électeurs ? Sommes-nous à ce point influençables ? Un beau parleur peut-il nous flouer avec sa jolie cravate ? Le verbe manié avec élégance va-t-il un jour effacer un programme bien construit, des convictions affirmées, des actions courageuses ?
Sommes-nous à ce point futiles, inconsistants, nous, lorsque nous devons faire un choix dans l’isoloir ?
Est-ce que nous pourrions aller jusqu’à voter pour un bel homme, une femme séduisante même si ses idéaux ne correspondent pas aux nôtres ?
Bien sûr, et nous le faisons tous les jours non ?
Nous avons un partenaire au sourire craquant ou aux pectoraux excitants, nous aidons davantage la jeune fille svelte à porter sa valise sur le quai, nous avons peut-être aussi choisi le candidat pour un poste administratif parce qu’il était plus attractif. Ou davantage souri au charmant facteur qui apporte le colis attendu parce qu’il a un regard de braise. Vous vous souvenez certainement de ces professeurs moins sévères avec les enfants au visage angélique. Ou de la remise accordée par ce vendeur et dont votre ami, moins gracieux, n’a pas bénéficié.
L’apparence agit presque malgré nous. La prestance, la parole, le geste sera prioritaire, le plus souvent, quoiqu’on s’en défende ou s’en offusque.
Dans un monde idéal, nous ferions évidemment fi de l’allure de nos semblables, nous concentrant seulement sur leur caractère bienfaisant et de leur profondeur d’esprit.
Et dans notre monde à nous, les spin doctors n’ont fait que mettre le doigt sur une évidence : une personnalité politique a plus de chance de gagner si elle a de l’allure, est vêtue avec goût, s’exprime avec facilité et a une jolie voix profonde.
« Le Poids des Apparences », titre du livre de Jean-Paul Amadieu, est bien réel. Et le poids est d’autant plus lourd que l’on est un petit trapu ventru.
Sans trop réfléchir, nous choisirons plus facilement un bel homme ou une femme avenante, s'ils égalent en compétence. Que ce soit en politique, lors de nos choix amoureux, ou lorsque nous choisissons la prochaine recrue pour un poste dans notre entreprise. Nous trouvons celui au visage symétrique plus intelligent, et celui en surpoids plus indolent. Nous sommes bourrés de préjugés, nous nous faisons une impression en 2 secondes et notre interlocuteur aura bien du mal à s’en débarrasser, surtout si il s'est présenté à vous, la première fois, un morceau de salade entre les dents.
Soyez donc beau. Esthétiquement charmant. Vestimentairement attrayant.
Et si par hasard vous êtes moche, au moins, sentez bon !
Geneviève